Un espèce de miroir
Un jour, j'ai découvert que je pouvais communiquer autrement que par la parole lue ou proclamée. Je pouvais m'exprimer en musique et en poésie. J'ai découvert en moi une autre façon d'annoncer l'Évangile. Ce goût remonte à mon enfance. Dans ma famille, on chantait souvent et longtemps, surtout le soir en faisant la vaisselle ou sur la galerie près du jardin. Quand la mémoire des mots faisait défaut, je m'étais acquis la réputation de les remplacer de but en blanc. Je me souviens, à l'occasion de mes balades d'enfant dans les champs en haut de la colline ou près de la rivière, je m'inventais des mélodies et des paroles. C'était un jeu d'enfant.
J'ai toujours composé mes chants à même mon travail. Plus le ministère me prend, plus ma muse fonctionne, plus l'Évangile chante en moi. Si j'étais en chômage, j'ai l'impression que je n'aurais pas de créativité artistique. Ce qui me fait le plus plaisir c'est lorsque l'on me dit : « Votre chant m'a fait prier. » Pour moi, composer un chant, c'est un aboutissement, c'est un fruit de mon ministère pastoral. Très souvent, à la suite d'une animation de foule, d'une prédication, j'ai le goût de refléter mon vécu dans une musique ou dans des paroles. C'est comme une prière qui surgit en moi.
Ce qui me fait chanter, prier, ce sont les événements. Pas d'abord les livres. Ils viennent après. Le chant surgit à la suite d'un ministère qui m'a touché, secoué dans mon être profond. Il est le résultat d'un vécu, d'un événement qui interpelle ma foi, qui pince les cordes sensibles de mon coeur. Je ne crée pas quand je ne vis rien de spécial. C'est comme s'il fallait que je sois dans la vapeur pour créer.
Chaque chant a son histoire propre, avec la date, le contexte, le lieu. Chacun puise ses racines dans l'humus de mon ministère et de ma vie personnelle. Un chant, ça vient au monde comme un enfant. Il a été porté pendant des jours et souvent des mois. Je me demande toujours s'il aura tous ses membres, s'il sera beau, s'il aura longue vie... Et quand il est né, c'est toujours le plus beau, tout comme le p'tit dernier de la famille!
C'est toute une sensation de lancer un nouveau chant. Je ne suis pas sans savoir que je m'implique dans mes compositions. Je livre quelque chose de moi-même. C'est comme si je m'appropriais des bouts d'Évangile, c'est comme si j'ouvrais un nouveau volet de mon intérieur, c'est comme une espèce de miroir de ce qui vibre en moi. Et l'enfant ressemble toujours un peu à celui qui l'a engendré. Puisse cet album de mes compositions vous faire prier et avec moi vous faire chanter la vie !
Paul Arsenault